L’enfant marche joyeux sans songer au chemin…

Publié le par foodandglam

« L'enfant marche joyeux sans songer au chemin. - Il le croit infini, n'en voyant pas la fin. » 

 

C’est hier, dans un métro parisien, à une heure relativement avancée de la nuit, que ces vers d’Alfred de Musset sont venus heurter mes pensées. Je songeais alors à mes propres peurs, à celles que d’autres m’avaient confiées, à toutes ces barrières intangibles que nous implantons nous-mêmes sur nos propres routes, comme pour s’empêcher d’avancer… Toutes ces barrières qui finissent inéluctablement par nous rendre malheureux…

 

Mais d’où vient cette angoisse, à la simple idée de faire un pas de plus ?… un pas de trop ?… Tel un coureur de fond à bout de force s’écroulant à quelques mètres de la ligne d’arrivée, nous semblons parfois manquer du courage nécessaire pour atteindre l’objectif… alors que nous en étions si prêts ! Y aurait-il une crainte inconsciente et insidieuse qui s’insinuerait en nous dès lors que nous approchons du but ?... Une crainte liée à la peur d’être désorienté, perdu, une fois arrivé à destination? La crainte de ne plus trouver le chemin pour rentrer chez soi ?... Ou la crainte de ne plus trouver une nouvelle destination ?… et que le voyage s’arrête… là.

 

Certains passent leur vie à aller d’objectifs en objectifs, comme sur une longue route jalonnée de bornes, plus ou moins pénibles à atteindre en fonction du relief… Passer dans la classe supérieure, offrir son premier (vrai) baiser, avoir le BEPC, puis le baccalauréat, sortir avec un garçon (ou une fille) et découvrir le sexe, l’amour (?), réussir ses études et obtenir un diplôme, faire ses premiers pas dans le monde professionnel et décrocher un CDI, rencontrer « THE ONE » (« LE BON » ou « LA BONNE »), s’installer ensemble et finir par se marier (ou d’abord avoir un enfant ?... choix crucial…), progresser dans la hiérarchie de la boîte et élever ses gosses, avoir 40 ans et commencer à se dire que tout cela n’a aucun sens finalement… mais heureusement, c’est normal et on trouve la solution : la fameuse reconversion professionnelle ! On change de boulot, on quitte tout (parfois la famille fait partie du lot) et comme on le dit si bien, « on repart à 0 »… et c’est reparti pour un tour… jusqu’à ce que le manège tombe en panne et s’arrête… définitivement.

 

Ces gens-là excellent probablement dans l’art subtil d’être adulte… Mais à la lumière de ces deux vers de Musset, sans vous exhorter à vous maintenir dans l’infantilité, je vous suggère au moins d’arrêter, même l’espace d’un instant, de songer au chemin… de le croire infini, afin d’être heureux… en avançant toujours, jusqu’à la fin.

 

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