Quel mangeur de pain êtes-vous ?

Publié le par foodandglam

Vous êtes-vous déjà posé cette simple question : quel mangeur de pain suis-je ?... Quel est mon type de pain favori (plutôt croustillant, moelleux, dense, aérien, blanc ou complet, chaud ou froid, très cuit ou peu cuit…), est-ce que je préfère la mie ou la croûte, à quels moments ai-je envie de manger du pain, quels sont les souvenirs, les symboles… que j’y associe etc… ? Ou même tout simplement, quel est le goût du pain, selon moi ? (prévenez-moi si vous avez la réponse !). Autant de questions qui peuvent vous sembler sans intérêt… Mais faites l’expérience et vous serez étonné de constater qu’un sujet aussi banal peut en fait se révéler une source inépuisable d’inspiration ! Et si vous avez beaucoup à dire sur le pain, c’est parce que celui-ci en dit long sur vous et votre identité…

Le pain est un objet anthropologique d’une extraordinaire richesse, tant il revêt de symboles et de coutumes, transmis de génération en génération via l’inconscient humain. C’est une authentique tradition, qui s’entend dans le sens d’une dialectique permanente entre le passé et le présent : le pain se réinvente chaque jour pour s’adapter aux évolutions de la société, en s’appuyant toujours sur des savoir-faire ancestraux. Autrefois très associé à des croyances et superstitions religieuses (il était par exemple d’usage de signer le pain et de toujours le présenter à l’endroit sur la table pour éviter le malheur…), le pain a également longtemps véhiculé le symbole du fruit du travail humain, comme en témoignent nombre d’expressions toujours très utilisées : « gagner son pain ou sa croûte », « c’est mon gagne-pain » etc... Aujourd’hui, il est davantage considéré comme un aliment plaisir et non plus comme un besoin indispensable à la survie !

Il en résulte une évolution des modes de consommation: en effet, si les Français conservent l’habitude de manger du pain dans des quantités relativement stables non impactées par un effet générationnel (contrairement aux fruits et légumes notamment), ils ont par contre évolué dans leur façon de le consommer. Ils sont ainsi passés de la miche et de la baguette, que l’on avait l’habitude de partager à table, à un type de consommation beaucoup individualiste tel que le sandwich ou les petits pains.

Dans notre société contemporaine, il semble qu’on puisse identifier six types de mangeurs de pain :

-          l’authentique, le mangeur de pain traditionnel, qui ne s’imagine pas un repas sans pain, le mange sous ses formes les plus classiques (baguette et/ou gros pain) et le voit comme la base de la commensalité

-          le nomade, jeune consommateur, adepte de la diversité, qui connaît la valeur du pain mais s’adapte à la multiplication de ses formes de consommation et recrée ainsi la tradition

-          l’errant, jeune et urbain, dépourvu de culture alimentaire, sans repères, qui subit son environnement alimentaire, victime de la mal-bouffe et des fast-foods, et manifeste une certaine indifférence à l’égard du pain

-          le déphasé, qui vit comme un errant mais pense comme un authentique et aspire à un retour à la tradition, après sa jeunesse errante, quand il sera marié et aura des enfants…

-          l’hédoniste, en général une femme, dont la consommation est très individualiste, adepte du pain hyper-personnalisé (pains spéciaux, bio, fantaisies…), qui cherche à satisfaire son propre goût et privilégie le plaisir et la santé

-          le bipolaire, souvent une mère de famille urbaine, qui a tendance à osciller entre un profil authentique (plutôt en semaine) et un profil hédoniste (plutôt le WE).

… Vous reconnaissez-vous ?

 

 Sources :

-          Anthropologie des mangeurs de pain de Abdu Gnaba (collection L’Harmattan)

-          Conférence de presse « Le pain, témoin des mutations alimentaires de la génération Y, les 20/30 ans », organisée par l’Observatoire du Pain (que je tiens à remercier pour son invitation)

 

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J
Mais quoi qu'il en soit : que c'est bon le pain, nature, avec du beurre, ou tout ce qui peut passer sous la main :)
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J
Je me qualifierais de nomade après 1 an en Inde... Alors que j'étais plutôt authentique version baguette ! Mais l'hédoniste pointe le bout de son nez. Pas facile de se retrouver donc !
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