Regard sur l’Afrique et ses traditions laitières.

Publié le par foodandglam

Je vous propose d’entamer notre route du lait en Afrique chez les Toubous, nomades Nilo-Sahariens, parcourant  environ le quart du Sahara, entre la zone Bantou et la zone Afro-Asiatique (Tchad et Niger). Ils se caractérisent physiquement par leur minceur, leurs yeux en amande et leurs pommettes saillantes.

L’élevage de troupeaux de chamelles et de vaches est au centre de leur vie : leur préoccupation essentielle est de trouver de l’eau pour abreuver les animaux, sachant que la saison des pluies ne dure que deux mois (juin, juillet)… Ils se nourrissent du lait issu de leur bétail et de produits tels que le mil, achetés grâce à la vente d’animaux. Les saisons et les cycles biologiques des animaux rythment leur vie : à l’époque de la mise bas des chamelles (tous les 12-13 mois), les bergers partent au Nord avec ces dernières  tandis que les femmes restent au Sud avec les vaches. Les périodes de production laitière des vaches et des chamelles sont complémentaires, ce qui permet aux Toubous d’être approvisionnés tout au long de l’année. Les chèvres font également souvent partie du bétail mais leur lait n’est utilisé que pour nourrir les orphelins humains. Les chèvres servent davantage aux rituels sacrificiels, le sacrifice du gros bétail étant réservé aux grandes occasions telles que les mariages ou les décès.

Les Toubous ont leurs propres techniques de traite. Ils ont par exemple l’habitude de fumer puis de laisser refroidir le récipient du lait avant la traite ; cette pratique a deux avantages : elle donne un goût de fumé au lait, très apprécié par la tribu et elle permet de limiter les contaminations bactériennes. Ils utilisent, comme cela se fait couramment, la proximité du petit et de sa mère pour déclencher le réflexe de lactation et ils posent un filet ou une couronne d’épines sur la tête du petit pour l’empêcher de venir téter. Quand le petit meurt, ils tentent d’en recréer un « artificiel » (à base de peau et de carcasse…). En dernier recours, ils utilisent la fameuse technique de l’insufflation : on souffle dans le vagin de la vache pour déclencher la production d’ocytocine, signal entraînant le réflexe de lactation (on comprend pourquoi ce n’est qu’en dernier recours !!). Petite anecdote au passage : l’ocytocine est l’hormone dite de l’attachement et lorsqu’une maman humaine doit tirer son lait (avec une tireuse), on lui conseille de regarder son bébé (ou sa photo) pour déclencher ce fameux signal d’ocytocine… Une autre technique, pour pallier l’absence du petit de la chamelle, consiste à recréer l’illusion d’un nouvel accouchement : on noue l’anus de la chamelle, ses excréments s’y accumulent et lorsque l’on dénoue et qu’elle les expulse, on lui présente un veau, recouvert de ses déjections (pour l’odeur !), qu’elle confondra alors avec son propre petit.

Les Toubous fabriquent beaucoup de beurre et constituent des réserves de beurre fondu. Celui-ci est utilisé dans les sauces agrémentant le mil mais il peut aussi servir de produit de beauté pour les femmes, pour leurs cheveux ou pour les fumigations. Cette dernière pratique consiste à s’enduire le corps de beurre parfumé puis à canaliser de la fumée autour de soi (souvent à l’aide d’une couverture) afin de déclencher la sudation qui permet de nettoyer la peau en profondeur.

Si cette saga laitière vous intéresse, revenez prochainement pour la suite de la route Africaine… Prochaine étape : les tribus Peules.

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